Afrique / Quand les masques tombent : Le double visage de l’armée française

Longtemps perçue comme garante de la paix et du respect des droits humains, l’armée française dévoile pourtant une tout autre facette dès que l’on s’aventure de l’autre côté du miroir. Derrière les discours officiels et les missions dites “humanitaires”, émergent des témoignages accablants, des rapports accrus, et surtout, un lourd passif de violences, de bavures et d’abus, souvent passés sous silence. Dans plusieurs pays africains, la présence militaire française semble davantage synonyme de peur que de protection.

En Côte d’Ivoire, la Force Licorne a été éclaboussée par plusieurs scandales. L’affaire Firmin Mahé, ce civil ivoirien tué en 2005, a conduit à la mise en examen du général Henri Poncet pour complicité d’homicide volontaire. La même année, quatre soldats français sont accusés du viol d’une jeune fille. Les faits sont graves, les victimes réelles, mais les réponses judiciaires restent souvent timides, comme si l’uniforme offrait un bouclier contre les conséquences.

Le Rwanda, théâtre de l’une des plus grandes tragédies du XXe siècle, n’échappe pas à ces accusations. L’opération Turquoise, censée apporter un soutien humanitaire pendant le génocide de 1994, est entachée de soupçons de complicité. Des soldats français sont mis en cause pour des viols perpétrés dans des camps de réfugiés. Ces révélations, relayées en 2005 par le Tribunal aux armées de Paris, ont soulevé un tollé dans les milieux des droits de l’homme.

En Centrafrique, en 2014, une autre ombre s’ajoute au tableau déjà bien sombre de l’armée française. Le journal The Guardian révèle un rapport de l’ONU accusant une quinzaine de soldats français d’abus sexuels sur des mineurs lors de l’opération Sangaris. Le témoignage poignant d’une femme résume la trahison ressentie : « Ils ne sont pas venus nous protéger, mais saccager notre pays. » Ces paroles résonnent comme un cri de douleur face à l’impunité persistante.

Enfin, plus récemment, en mars 2019, une frappe aérienne française au Mali aurait causé la mort de civils, relançant les débats sur la transparence et la responsabilité militaire en opérations extérieures. Ces incidents à répétition posent une question fondamentale : jusqu’où tolérer les dérives au nom de la lutte contre le terrorisme ou de la stabilité régionale ? Entre silences institutionnels et enquêtes rarement abouties, l’éthique militaire française semble vaciller, au détriment de ceux qu’elle prétendait protéger.

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Ousmane P.

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